Évènement

Seminaire Pour une histoire des formes de montage

 

 

Samedi 18 mars 2023


Massimo Olivero
Le gros plan fragmentaire chez Godard et Kluge
Il s’agira de vérifier l’hypothèse théorique de l’existence du gros plan fragmentaire, à travers
l’étude de deux films de Jean-Luc Godard (Une femme mariée, Deux ou trois choses que je sais d’elle) et de
Alexander Kluge (La Patriote, La force des sentiments). Un gros plan (et donc un montage) qui brise l'unité
organique pour se configurer comme « débris d'un symbole », assumant pleinement sa singularité
tout en continuant à renvoyer de manière fantomatique, latente, au Tout. La totalité est ainsi
comme un horizon perdu qui ne peut être atteint, mais dont l’expérience esthétique nous permet
d’en saisir des manifestations fragmentaires. La déréalisation opérée par ce type de montage
s’éloigne des principes mimétiques et cultive la dédramatisation, le choc de la distanciation qui
démonte le visible et le reconstruit selon une perspective critique, autoréflexive.

Mathias Lavin
Prolongation du plan et pensée du montage (dans le cinéma contemporain)

Pour un certain nombre de cinéastes contemporains (de Béla Tarr à Hong Song-soo, de Sokourov
à Lisandro Alonso, etc.), le privilège accordé à la durée du plan possède une dimension stylistique
et polémique, à l’opposé ce que Bordwell a désigné comme intensified continuity pour caractériser
une tendance majeure du cinéma étasunien au début du XXIe siècle. Un tel choix est certainement
facilité par des potentialités techniques (la généralisation du numérique au tournage, comme dans
la phase de post-production), tout en offrant une réelle expérience esthétique. Au-delà de la
diversité des propositions formelles, que ne saurait unifier la dénomination imprécise de slow
cinema, il est alors intéressant de se demander si la restriction des opérations de montage ne recèle
pas une pensée du montage que l’on pourrait dégager de certains usages récents de la durée
filmique.