Figures de l’extase. Eisenstein et l’esthétique du pathos au cinéma
Les deux péons du film inachevé Que viva Mexico ! incarnent plastiquement le conflit pathétique à l’œuvre dans toute figure de l’extase conçue par Sergueï Eisenstein. D’une part, ces corps suppliciés témoignent de la cruauté insensée de la torture qu’ils subissent (ensevelis dans le terrain et piétinés par des chevaux). D’autre part, ils figurent le thème politique du martyre du prolétariat : avec leur mort, ils permettront la résurrection d’un peuple entier. Cet essai se propose d’interroger et de comprendre la lutte déchirante, la contradiction dionysiaque en acte dans toute image extatique, toujours oscillante entre la dimension régressive, prélogique de l’art ; et la puissance productive, efficace d’un cinéma capable d’accéder à l’expérience d’une véritable transcendance extatique pour le spectateur.